(Quick disclaimer: I do not usually post long messages on this blog, and I normally mostly use English. The current circumstances require a brief change to this policy.)
Vendredi 11 mars, un très violent tremblement de terre a eu lieu au large des côtes japonaises, au niveau de la ville de Sendai. Les images de cette secousse et du raz-de-marée qu'il a engendré ont fait le tour du monde, mais les dizaines, centaines de milliers de personnes touchées par cet événement ont rapidement été oubliées.
Très vite, l'attention internationale s'est focalisée sur la situation des réacteurs nucléaires situées dans la préfecture de Fukushima. La situation y est-elle grave ? Sans aucun doute, oui. Est-elle plus préoccupante que la situation des sinistrés ? La question mériterait d'être posée sérieusement.
Chaque reportage sur ces centrales ne peut s'empêcher de faire une comparaison avec Tchernobyl. Puisque cela semble un passage obligé, faisons une brève comparaison.
A l'époque, le fameux nuage avait passé les frontières, malgré les messages rassurant des autorités. Ce décalage serait apparemment suffisant pour douter des autorités japonaises.
En 1986, les compteurs Geiger existaient. Rien n'empêchait donc un journaliste de s'équiper et de vérifier sur le terrain si les messages correspondaient à la réalité. Je n'avais que quatre ans à l'époque, mais il ne me semble pas que la ligne officielle avait été fortement remise en cause.
L'histoire de ce nuage serait-il donc autant un mensonge des autorités qu'un échec des journalistes de l'époque ? Cela expliquerait la remise en cause des messages émis en ce moment au Japon.
La plus grosse différence est que, cette fois-ci, des mesures indépendantes existent, et certaines sont accessibles en ligne. Jusqu'à preuve du contraire, les niveaux relevés à Tokyo par les autorités et par les points de mesure indépendants concordent, et ne sont à l'heure actuelle pas inquiétant.
La position de la plupart des ambassades est d'ailleurs sur la même ligne que les autorités japonaises. Canada, Royaume-Uni et Etats-Unis suivent la situation de près, en raison du nombre de leurs ressortissants sur place. Tous font confiance à la gestion japonaise.
Le conseiller scientifique du gouvernement britannique, Sir John Beddington, explique par exemple, après discussion avec des experts, que Tokyo n'est pas menacée, même si les vents tournaient.
Ces experts sont-ils crédibles ? Si ils le sont, nous sommes en droit de nous demander pourquoi cette information n'est pas reprise plus largement, en France et ailleurs.
Si ils ne sont pas crédibles, ne serait-il pas dans le rôle des journalistes de nous expliquer pour quelles raisons, de les interroger de façon précise, de les amener à admettre ce supposé manque de crédibilité ?
L'ambassade française diffuse des messages plus pessimistes que les autres représentations officielles. Est-ce parce que les experts français sont plus compétents, ou mieux informés ?
Des français encore présents à Tokyo (oui, il y en a) ont participé à une réunion d'information à laquelle était présente, selon les témoignages circulant en ligne, un ingénieur français dépêché sur place, et spécialiste de la gestion des crises dues aux incidents nucléaires.
Cet ingénieur aurait assuré que la communication de la société TEPCO est fiable, et que Tokyo n'est pas menacée, et ce même si les vents changeaient de direction. Cela ressemble fortement à l'analyse britannique. Cette information a-t-elle été reprise ? La véracité de ces témoignages et la crédibilité de l'expert ont-elles été vérifiées ? A-t-on cherché à comprendre l'attitude de l'ambassade à la lumière de ces déclarations ?
Les français encore au Japon, leurs familles en France, et le pays dans son ensemble, auraient apprécié l'effort.
Je lis ici ou là que les messages officiels ne seraient pas crédibles car ils chercheraient à minimiser la gravité de la situation, par exemple pour sauver la filière du nucléaire civil. Permettez-moi de douter de cela.
Je suis suffisamment cynique pour considérer que lors de petits incidents, les personnes responsables soient tentées par de telles mesures, et y aient parfois recours.
Il faut néanmoins être réaliste. La situation actuelle ne se prête à ce genre d'arrangements. Il est évident que, une fois la crise terminée, la direction de TEPCO aura beaucoup de mal à rester en place. L'accident est allé trop loin, et a duré trop longtemps, pour que la page soit tournée si simplement. Qui pourrait croire qu'ils n'en sont pas conscient ?
De même Naoto Kan ne se fait probablement pas d'illusion sur son avenir politique. Avant le tremblement de terre, il n'était qu'à quelques heures ou jours de perdre sa place. Etant donnée la durée de vie des gouvernements japonais, sa carrière risque de prendre fin en même temps que la crise actuelle. Minimiser les risques n'y changera rien.
Il ne s'agit plus de mentir pour couvrir une petite fuite qui serait sans grand danger pour la population autour d'une centrale encore en activité. La centrale ne sera plus utilisable. Une zone de 20km a été évacuée. Le monde entier suit l'évolution. Il n'y a plus rien à minimiser. Je ne peux me résoudre à penser que ces officiels seraient prêts à laisser les habitants de Tokyo en danger pour sauver une carrière déjà condamnée.
Il est intéressant, enfin, de se rappeler novembre 2005, et la surprise devant la réaction internationale face aux émeutes dans les banlieues. On s'étonnait de voir les Etats-Unis, la Russie, le Royaume-Uni, ou encore le Canada, recommander la prudence à leur ressortissants. On se lamentait du traitement sensationnaliste de certains médias étrangers, et on critiquait même parfois l'attitude de leurs envoyés spéciaux.
Presque six ans plus tard les japonais, et les résidents étrangers dans le pays, s'étonnent d'entendre parler de panique à Tokyo, d'apocalypse nucléaire, et d'un traitement médiatique laissant entendre que le pays entier est paralysé.
Les envoyés spéciaux nous racontent la situation de la capitale depuis Osaka, plusieurs centaines de kilomètres au sud, où il ne se passe rien depuis vendredi dernier.
Dimitri Perrin
17 mars 2011, Osaka.
Vendredi 11 mars, un très violent tremblement de terre a eu lieu au large des côtes japonaises, au niveau de la ville de Sendai. Les images de cette secousse et du raz-de-marée qu'il a engendré ont fait le tour du monde, mais les dizaines, centaines de milliers de personnes touchées par cet événement ont rapidement été oubliées.
Très vite, l'attention internationale s'est focalisée sur la situation des réacteurs nucléaires situées dans la préfecture de Fukushima. La situation y est-elle grave ? Sans aucun doute, oui. Est-elle plus préoccupante que la situation des sinistrés ? La question mériterait d'être posée sérieusement.
Chaque reportage sur ces centrales ne peut s'empêcher de faire une comparaison avec Tchernobyl. Puisque cela semble un passage obligé, faisons une brève comparaison.
A l'époque, le fameux nuage avait passé les frontières, malgré les messages rassurant des autorités. Ce décalage serait apparemment suffisant pour douter des autorités japonaises.
En 1986, les compteurs Geiger existaient. Rien n'empêchait donc un journaliste de s'équiper et de vérifier sur le terrain si les messages correspondaient à la réalité. Je n'avais que quatre ans à l'époque, mais il ne me semble pas que la ligne officielle avait été fortement remise en cause.
L'histoire de ce nuage serait-il donc autant un mensonge des autorités qu'un échec des journalistes de l'époque ? Cela expliquerait la remise en cause des messages émis en ce moment au Japon.
La plus grosse différence est que, cette fois-ci, des mesures indépendantes existent, et certaines sont accessibles en ligne. Jusqu'à preuve du contraire, les niveaux relevés à Tokyo par les autorités et par les points de mesure indépendants concordent, et ne sont à l'heure actuelle pas inquiétant.
La position de la plupart des ambassades est d'ailleurs sur la même ligne que les autorités japonaises. Canada, Royaume-Uni et Etats-Unis suivent la situation de près, en raison du nombre de leurs ressortissants sur place. Tous font confiance à la gestion japonaise.
Le conseiller scientifique du gouvernement britannique, Sir John Beddington, explique par exemple, après discussion avec des experts, que Tokyo n'est pas menacée, même si les vents tournaient.
Ces experts sont-ils crédibles ? Si ils le sont, nous sommes en droit de nous demander pourquoi cette information n'est pas reprise plus largement, en France et ailleurs.
Si ils ne sont pas crédibles, ne serait-il pas dans le rôle des journalistes de nous expliquer pour quelles raisons, de les interroger de façon précise, de les amener à admettre ce supposé manque de crédibilité ?
L'ambassade française diffuse des messages plus pessimistes que les autres représentations officielles. Est-ce parce que les experts français sont plus compétents, ou mieux informés ?
Des français encore présents à Tokyo (oui, il y en a) ont participé à une réunion d'information à laquelle était présente, selon les témoignages circulant en ligne, un ingénieur français dépêché sur place, et spécialiste de la gestion des crises dues aux incidents nucléaires.
Cet ingénieur aurait assuré que la communication de la société TEPCO est fiable, et que Tokyo n'est pas menacée, et ce même si les vents changeaient de direction. Cela ressemble fortement à l'analyse britannique. Cette information a-t-elle été reprise ? La véracité de ces témoignages et la crédibilité de l'expert ont-elles été vérifiées ? A-t-on cherché à comprendre l'attitude de l'ambassade à la lumière de ces déclarations ?
Les français encore au Japon, leurs familles en France, et le pays dans son ensemble, auraient apprécié l'effort.
Je lis ici ou là que les messages officiels ne seraient pas crédibles car ils chercheraient à minimiser la gravité de la situation, par exemple pour sauver la filière du nucléaire civil. Permettez-moi de douter de cela.
Je suis suffisamment cynique pour considérer que lors de petits incidents, les personnes responsables soient tentées par de telles mesures, et y aient parfois recours.
Il faut néanmoins être réaliste. La situation actuelle ne se prête à ce genre d'arrangements. Il est évident que, une fois la crise terminée, la direction de TEPCO aura beaucoup de mal à rester en place. L'accident est allé trop loin, et a duré trop longtemps, pour que la page soit tournée si simplement. Qui pourrait croire qu'ils n'en sont pas conscient ?
De même Naoto Kan ne se fait probablement pas d'illusion sur son avenir politique. Avant le tremblement de terre, il n'était qu'à quelques heures ou jours de perdre sa place. Etant donnée la durée de vie des gouvernements japonais, sa carrière risque de prendre fin en même temps que la crise actuelle. Minimiser les risques n'y changera rien.
Il ne s'agit plus de mentir pour couvrir une petite fuite qui serait sans grand danger pour la population autour d'une centrale encore en activité. La centrale ne sera plus utilisable. Une zone de 20km a été évacuée. Le monde entier suit l'évolution. Il n'y a plus rien à minimiser. Je ne peux me résoudre à penser que ces officiels seraient prêts à laisser les habitants de Tokyo en danger pour sauver une carrière déjà condamnée.
Il est intéressant, enfin, de se rappeler novembre 2005, et la surprise devant la réaction internationale face aux émeutes dans les banlieues. On s'étonnait de voir les Etats-Unis, la Russie, le Royaume-Uni, ou encore le Canada, recommander la prudence à leur ressortissants. On se lamentait du traitement sensationnaliste de certains médias étrangers, et on critiquait même parfois l'attitude de leurs envoyés spéciaux.
Presque six ans plus tard les japonais, et les résidents étrangers dans le pays, s'étonnent d'entendre parler de panique à Tokyo, d'apocalypse nucléaire, et d'un traitement médiatique laissant entendre que le pays entier est paralysé.
Les envoyés spéciaux nous racontent la situation de la capitale depuis Osaka, plusieurs centaines de kilomètres au sud, où il ne se passe rien depuis vendredi dernier.
Dimitri Perrin
17 mars 2011, Osaka.
14 comments:
Merci Dimitri de cette analyse équilibrée
Nous sommes de tout cœur avec les familles des victimes.
Si tu peux transmettre à tes amis qui sont touchés par cela, que nous pleurons avec eux et les soutenons, vraiment.
Si le cœur surchauffe et que les gaines fondent tandis que l'eau du circuit de refroidissement est encore en cours d'évaporation, le contact avec l'hydrogène de l'eau déclenchera une explosion. Ça peut arriver à tout moment.
C'est assez peu alarmiste ?
"Je n'avais que quatre ans à l'époque, mais il ne me semble pas que la ligne officielle avait été fortement remise en cause."
Ceci explique probablement cela. Eh bien c'est ce qui s'est passé, des journalistes ont pris des Geiger, en Alsace, où j'habitais... et ont démonté l'histoire du nuage respectueux des frontières. Je bossais dans le même bureau que l'un d'entre eux, j'ai donc vu le truc en direct.
A la suite de cela a été fondé un organisme TOTALEMENT INDEPENDANT nommé la CRIIRAD, justement parce que le mensonge avait été trop énorme (même si la filière nucléaire a tenté depuis de le faire oublier, avec un certain succès semble-t-il)
http://www.criirad.org/
qui publie actuellement tout ce qui est disponible ET vérifié sur le Japon.
@Ghismo: de rien !
@Rêveries: le message sera transmis.
@Jonathan: ce qui confirme bien qu'après bientôt 7 jours à nous annoncer l'apocalypse, on en est encore avec des "si". Et pendant ce temps, on fait paniquer les gens.
@Lohiel: merci de la précision. J'espère que vous pardonnerez la faiblesse de mes souvenirs de l'époque. Je rajoute le site de la CRIIRAD dans ma liste de sources indépendantes sur les relevés au Japon. Merci pour ce lien.
Très bonnes remarques Dimitri.
Ce "scenario du pire" jusqu'ici n'est jamais expliqué, oui on parle de sortie du combustible, de catastrophe, mais c'est bien tout. Sans parler de distance touchée, sans détailler la réaction, rien... rien qui permette d'évaluation un risque pour Tokyo.
La réaction de la France est justement liée à ce que mentionne Lohiel au sujet du déni au sujet de Tchernobyle. Il y a eu une campagne agressive des journalistes en France pour reprocher la mauvaise communication qui à consisté à dire que le nuage n'était pas venu en France au lieu d'être transparents et d'expliquer qu'il n'y avait pas de risque. Donc même aujourd'hui il s'en trouve pour reprocher au services de l'ambassade de France de ne pas en faire assez... peut-être les mêmes seront-ils là demain pour reprocher de s'être mis à dos les authorités Japonaises à la suite de messages plus inquiétants que les autres ambassades.
Le suivi de la CRIIRAD pour la France est intéressant, mais leur dernière dépêche sur la situation au Japon me laisse perplexe.
Titrer sur "des résultats très inquiétants" pour noter dans le texte lui-même (qui le lira?) que la dose en iode 131 reste inférieure d'au moins 10 fois à la dose limite fixée par l'OMS pour les enfants, c'est quand même très dommage.
Surtout quand cette dose reçue est calculée sur une période comprenant le seul pic (ce qui est logique en soit), mais que l'article ne précise pas que le taux en iode 131 est redescendu à 0.1 Bq/m3 (selon la même source utilisée pour l'article initial).
A titre indicatif, je suis allé chercher sur le site de la CRIIRAD quelques mesures effectuées en France par leur soin. Au péage du Roussillon, en décembre 2010, la valeur maximale relevée quotidiennement a oscillé entre 0.1 et 0.2 Bq/m3 en mesure directe.
Le 17 mars à Tokyo, là où les résultats sont "très inquiétants", la valeur maximale était 0.2 Bq/m3.
On peut également noter que le taux de césium 137, après son pic du 15/3 à 11h, est rapidement redescendu. Toujours d’après la même source, il semblerait même qu'il soit indétectable depuis le 16/3 à 23h.
La dépêche de la CRIIRAD date du 17/3 à 13h (soit 21 heures à Tokyo).
Je partais avec un bon a priori, suite au commentaire de Lohiel, mais je suis déçu.
Et je ne parle même pas du traitement médiatique qui est fait de cette dépêche. La CRIIRAD a l'honnêteté de citer ses sources. Est-il compliqué pour un journaliste de faire le travail que je viens de faire sur mon temps de pause ?
En ce qui me concerne, je crois "qu'on" a bien réussi à vous faire oublier ce qu'est la radioactivité... "On" étant bien sûr le lobby nucléaire, dont il ne faut pas oublier non plus que la principale caractéristique est d'être hyper-centralisée, donc de procurer d'énormes revenus à un tout petit nombre de gens. Au contraire des renouvelables, qui vont dans le sens d'une distribution locale des richesses et des emplois. On est dans un schéma d'ultra-injustice, encore une fois, et voilà que la propagande essaye de faire passer pour "indispensable" le tribut humain réclamé par les réacteurs nucléaires !
Vont-ils avoir le culot maintenant de dire que l'accident a été "évité" alors que les dégâts sur l'environnement et sur la santé humaine à très long terme sont déjà bien au-delà de l'admissible ?
Je les en crois capables..! Mais comptez sur les hacktivistes, à l'avenir, pour diffuser les images des lésions et des mutations, via Internet. Ces jeunes gens n'aiment pas le mensonge et je les en remercie.
Oui, nous allons être confronté à la réalité de ce que nous aurions pu éviter si nous avions financé la R&D sur les énergies nouvelles et les systèmes d'économie énergétique aussi grassement que les richissimes amis de nos gouvernants et promoteurs du nucléaire (car c'est bien de ça qu'il s'agit)... et ça commencera à remettre quelques idées en place. Déjà. Dommage qu'il ait fallu en arriver là.
N'oublions pas non plus que les centrales nucléaires c'est un problème monstrueux légué aux générations futures. Savez-vous que le réacteur de Tchernobyl doit toujours être surveillé pour éviter un redémarrage de la réaction en chaîne, après tout ce temps ?(*)
Je suis heureuse de voir que la météo fait un gros cadeau aux japonais, là (à part que pour les Sushis, ça va être un peu mort, maintenant, à moins d'importer du poisson de très loin... et pourvu que le fichu sens du vent ne change pas dans les jours, voire les semaines qui viennent !)
http://actualite.lachainemeteo.com/actualite-meteo/2011-03-18-09h24/accident-nucleaire-au-japon---quels-pays-menaces--11428.php
Mais ne vous y trompez pas, vous qui voudriez que tout soit réglé "rapidement"... Il n'y a pas de plaisante rapidité dans le nucléaire, d'oubli facile et prompt : avec la radioactivité, on en prend pour des dizaines d'années d'angoisses (épidémie de cancers) et même plus.
(*) source : à la fin de ce documentaire de 24 mn de Wladimir Tchertkoff (2003), Prix du meilleur documentaire scientifique et d'environnement
http://www.dailymotion.com/video/xeerd0_le-sacrifice-12_news
et http://www.dailymotion.com/video/xeernw_le-sacrifice-2-2_news
Merci tout d'abord, Lohiel, d'être repassée ici afin de poursuivre la discussion. Mes posts habituels attirent moins de commentaires, ce que je regrette parfois, mais c'est sans doute un signe qu'il faut que je travaille encore ma photographie.
Votre réponse me laisser penser que vous croyez que je défends l'industrie du nucléaire. Ce n'est pas le cas.
Pour être clair, je ne pense pas qu'il s'agisse d'une technologie plus intéressante que les énergies renouvelables, notamment à cause de la gestion des déchets et des réserves limitées en combustibles.
Puisque ce blog n'est pas anonyme, il est facile de se rendre que j'ai d'ailleurs apporter ma (modeste) pierre à l'édifice à travers des travaux de recherche liés à l'éolien.
Vous noterez par la même occasion que je n'ai pas besoin qu'on me fournisse en documents sur le cancer, j'ai ce qu'il faut avec mes travaux actuels.
Le but de ce post n'était vraiment pas de défendre l'industrie nucléaire, et je pense pas qu'il le fasse.
Je questionnais simplement le traitement médiatique de la crise, qui mérite de l'être.
N'êtes-vous pas d'accord que, si les experts ne sont pas crédibles, il est du rôle du journaliste de le montrer ? Et que si, au contraire, un message est crédible, il mérite d'être relayé ?
Le sensationnalisme n'a pas sa place là-dedans, et c'est cela que je condamne.
Non non, je ne vous prends pas pour un pro-nucléaire (sinon je ne discuterais même pas, en fait, ces gens-là ont généralement des intérêts dans l'affaire - et ce n'est pas par la discussion qu'on arrivera à quoi que ce soit, c'est par la Justice et une politique moins avide, plus centrée sur l'humain).
En fait, c'est simplement ce que j'ai dit plus haut : je crains bien que nous ayons étés "endormis" par la propagande, et que les jeunes générations, pour beaucoup d'entre eux, commencent à accepter ce Moloch comme un risque... naturel. Et mesurent mal la réalité de leur avenir s'ils sont irradiés, même peu, avec cette angoisse qui leur pèsera dessus pendant des années.
Et les voilà décidés à rester au Japon, accusant leurs parents de catastrophisme... alors que rien ne permet encore de dire qu'ils s'en tireront sans dégâts. En tant que mère, j'imagine l'angoisse de la famille. Mais c'est vrai, peut-être avons-nous oublié de leur parler de la *réalité* de cette menace ? En ce qui concerne mes fils, ils avaient visité le musée d'Hiroshima, quand ils sont allés au Japon, cela les avait d'ailleurs pas mal affectés. J'ai la faiblesse de croire qu'il n'aurait pas fait la bêtise de rester à Tokyo ces jours-ci. Parce qu'une précaution contre une vie, c'est pas grand chose.
Pour des infos précises, je regarde Le Monde en ce moment, le live blogging :
http://www.lemonde.fr/japon/
Sinon, pour les commentaires, c'est quand même pas mal ce que vous recevez pour un blog photo. J'ai regardé en particulier celles du Japon, il y en a de formidables. Et puis le nombre de commentaires dépend souvent plus de la manière dont l'auteur du blog entretient son réseau social que de la qualité de son travail. Où s'il traite sujets "clicogènes", les polémiques, etc, lesquels sont d'ailleurs souvent de peu d'intérêt. Vous ne devriez pas vous inquiéter pour ça, à mon humble avis :-)
Le musée de Hiroshima est en effet une visite marquante mais entièrement nécessaire. Je n'ai de cesse de la recommander aux personnes venant au Japon. Surtout que la ville elle-même mérite aussi d'être connue, et c'est sans même parler de Miyajima !
Je constate que la Libye a remplacé le Japon à la une des médias français, ce qui valide grandement mon analyse.
Sauf retard involontaire, je posterai surement un message de conclusion dans la journée de mardi, et ce blog reprendra ensuite son cours normal.
Merci Dimitri, ça fait plaisir de lire un commentaire mesuré qui, d'après mon expérience, reflète bien l'état d'esprit des français intégrés et toujours au Japon en ce moment.
Moi-même français de Tokyo, j'ai très rapidement eu les mêmes interrogations que vous.
J'ai, en quelques jours, perdu la confiance que j'avais dans les medias, français principalement.
Malgré plusieurs tentatives pour redresser la barre et communiquer fidèlement sur la situation telle qu'elle est en accordant des interviews aux televisions françaises, j'ai fini par jeter l'éponge et refuser de leurs répondre pour ne plus me retrouver complice malgré moi de leur cirque sensationnaliste.
Je suis à la fois déçu et inquiet du mariage contre-nature des genres entre le journalisme et l'"Entertainment".
J'ai lu vos propos honnêtes et mesurés avec un grand intérêt. VOUS méritez sans doute plus une carte de presse que la plupart des vautours que j'ai entendus récemment. Merci à vous.
Cordialement.
Merci de votre commentaire, Ludovic.
La frontière entre journalisme et "entertainment" est en effet parfois beaucoup trop fine.
Je comprends tout à fait votre lassitude face au traitement médiatique. J'en suis au même niveau.
Merci pour la proposition de carte de presse, mais je vais rester dans la recherche pour le moment ! :)
La suite est ici : lassitude.
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