Depuis quelques jours, c'est l'affolement général : les premières estimations des résultats du premier tour de l'élection présidentielle seront disponibles en ligne vers 18h30 (puisqu'il n'y aura apparemment pas de sondages sortie des urnes, qui aurait été disponibles encore plus tôt), c'est-à-dire avant la fermeture des derniers bureaux (à 20h).
On peut s'étonner que la situation ne soit abordée que maintenant, car elle n'a rien de surprenant. L'émission "Des cliques et des claques", sur Europe1, s'était par exemple penchée sur la question il y a plusieurs mois. L'un des membres de l'équipe de l'émission, Guy Birenbaum, avait même abordé le sujet encore plus tôt, il y a un an.
Il sera forcément difficile d'évaluer l'impact de la diffusion prématurée des résultats. Pour l'instant, on peut déjà regarder l'écart habituel entre estimations et résultats finaux lors des précédents scrutins. Une différence inhabituelle en 2012 pourrait être le signe d'un fort impact.
En 2002, France2 nous annonce 28.5% d'abstention, puis donne, à 20h, J. Chirac à 20%, J.M. Le Pen à 17%, L. Jospin à 16% et F. Bayrou à 6.6%. On peut par exemple revoir cette soirée électorale sur le site de l'INA, et des extraits sur YouTube. Les résultats officiels, tels que validés par le Conseil Constitutionnel, sont les suivants : 28.4% d'abstention, 19.9% des suffrages exprimés pour J. Chirac, 16.9% pour J.M. Le Pen, 16.2% pour L. Jopsin, et 6.8% pour F. Bayrou. La participation est donc donnée à 40,000 voix près, et les estimations de score varient de moins de 55,000 voix des résultats finaux.
Cela laisse penser que l'impact des fuites serait facile à détecter, mais les élections suivantes, cinq ans plus tard, vont dans le sens contraire.
En 2007, France2 donne 29.6% pour N. Sarkozy, 25.1% pour S. Royal, 18.7% pour F. Bayrou, et 11.5% pour J.M. Le Pen. Là encore, l'annonce est disponibles en ligne. Je ne retrouve pas de vidéo de l'annonce de l'abstention mais, selon le site d'IPSOS, ils l'avaient estimée à 15.5%. Les résultats officiels donnent 31.2% à N. Sarkozy, 25.9% à S. Royal, 18.6% à F. Bayrou, et 10.4% à J.M. Le Pen. L'abstention était quant à elle de 16.2% (une erreur de 325,000 voix). Pour trois de ces candidats, l'écart est supérieur à 0.6 point de pourcentage, ce qui représente environ 220,000 voix compte tenu de la participation. Pour J.M. Le Pen, l'écart monte même à 400,000 voix.
Si on remonte jusqu'en 1995, France 2 annonce l'abstention à 19.6%. J'ai quelques problèmes pour lire la vidéo, mais vers 35 minutes, ces résultats sont disponibles : 23.4% pour L. Jospin, 20% pour J. Chirac, 18.5% pour E. Balladur et 15.7% J.M. Le Pen. Les résultats officiels placent l'abstention à 21.6%, et donnent 23.3% à L. Jospin, 20.8% à J. Chirac, 18.6% à E. Balladur et 15% à J.M. Le Pen. Pour deux des candidats, l'écart est supérieur à 0.7 point de pourcentage (soit environ 210,000 voix vus les suffrages exprimés à l'époque).
On pourrait aller plus loin, et par exemple regarder combien de personnes ont voté entre 18h et 20h aux précédentes élections aux précédentes élections, et regarder si cette proportion augmente cette année. Je n'ai pas les chiffres, mais si quelqu'un veut se pencher là-dessus, l'information sera la bienvenue dans les commentaires.
Il est évident que les estimations vont largement circuler, notamment sur Twitter, et il est raisonnable de penser qu'elles puissent avoir un impact. Par contre, à moins que les variations entre ces estimations et les résultats finaux soient supérieures à un point de pourcentage pour plusieurs candidats, il sera très difficile d'être certain du rôle qu'elles auront joué.
On peut s'étonner que la situation ne soit abordée que maintenant, car elle n'a rien de surprenant. L'émission "Des cliques et des claques", sur Europe1, s'était par exemple penchée sur la question il y a plusieurs mois. L'un des membres de l'équipe de l'émission, Guy Birenbaum, avait même abordé le sujet encore plus tôt, il y a un an.
Il sera forcément difficile d'évaluer l'impact de la diffusion prématurée des résultats. Pour l'instant, on peut déjà regarder l'écart habituel entre estimations et résultats finaux lors des précédents scrutins. Une différence inhabituelle en 2012 pourrait être le signe d'un fort impact.
En 2002, France2 nous annonce 28.5% d'abstention, puis donne, à 20h, J. Chirac à 20%, J.M. Le Pen à 17%, L. Jospin à 16% et F. Bayrou à 6.6%. On peut par exemple revoir cette soirée électorale sur le site de l'INA, et des extraits sur YouTube. Les résultats officiels, tels que validés par le Conseil Constitutionnel, sont les suivants : 28.4% d'abstention, 19.9% des suffrages exprimés pour J. Chirac, 16.9% pour J.M. Le Pen, 16.2% pour L. Jopsin, et 6.8% pour F. Bayrou. La participation est donc donnée à 40,000 voix près, et les estimations de score varient de moins de 55,000 voix des résultats finaux.
Cela laisse penser que l'impact des fuites serait facile à détecter, mais les élections suivantes, cinq ans plus tard, vont dans le sens contraire.
En 2007, France2 donne 29.6% pour N. Sarkozy, 25.1% pour S. Royal, 18.7% pour F. Bayrou, et 11.5% pour J.M. Le Pen. Là encore, l'annonce est disponibles en ligne. Je ne retrouve pas de vidéo de l'annonce de l'abstention mais, selon le site d'IPSOS, ils l'avaient estimée à 15.5%. Les résultats officiels donnent 31.2% à N. Sarkozy, 25.9% à S. Royal, 18.6% à F. Bayrou, et 10.4% à J.M. Le Pen. L'abstention était quant à elle de 16.2% (une erreur de 325,000 voix). Pour trois de ces candidats, l'écart est supérieur à 0.6 point de pourcentage, ce qui représente environ 220,000 voix compte tenu de la participation. Pour J.M. Le Pen, l'écart monte même à 400,000 voix.
Si on remonte jusqu'en 1995, France 2 annonce l'abstention à 19.6%. J'ai quelques problèmes pour lire la vidéo, mais vers 35 minutes, ces résultats sont disponibles : 23.4% pour L. Jospin, 20% pour J. Chirac, 18.5% pour E. Balladur et 15.7% J.M. Le Pen. Les résultats officiels placent l'abstention à 21.6%, et donnent 23.3% à L. Jospin, 20.8% à J. Chirac, 18.6% à E. Balladur et 15% à J.M. Le Pen. Pour deux des candidats, l'écart est supérieur à 0.7 point de pourcentage (soit environ 210,000 voix vus les suffrages exprimés à l'époque).
On pourrait aller plus loin, et par exemple regarder combien de personnes ont voté entre 18h et 20h aux précédentes élections aux précédentes élections, et regarder si cette proportion augmente cette année. Je n'ai pas les chiffres, mais si quelqu'un veut se pencher là-dessus, l'information sera la bienvenue dans les commentaires.
Il est évident que les estimations vont largement circuler, notamment sur Twitter, et il est raisonnable de penser qu'elles puissent avoir un impact. Par contre, à moins que les variations entre ces estimations et les résultats finaux soient supérieures à un point de pourcentage pour plusieurs candidats, il sera très difficile d'être certain du rôle qu'elles auront joué.